La création d’entreprise, d’abord un projet personnel
La mise en place du régime d’autoentrepreneur en 2009 a permis une croissance très élevée du nombre de créations d’entreprises en France. En 2008, ce nombre dépassait 327 000 unités. En 2009, la France enregistrait la création d’un peu plus de 580 000 entreprises, soit une hausse de 75 %, alimentée très fortement par le régime de l’auto-entreprise (actuelle micro-entreprise). Cependant, les projets de création d’entreprise ne sont pas conditionnés par la mise en place d’un régime particulier.
La création d’une société est avant tout un projet personnel qui demande une profonde réflexion et une bonne préparation. Il faut bien évaluer la motivation liée au projet de société, l’impact sur la vie personnelle (famille, entourage) et l’engagement financier que demande le projet de création d’entreprise. Qu’il s’agisse de la création complète d’une nouvelle activité, de la reprise d’une entreprise, de la transmission familiale ou de l’ouverture d’un commerce en franchise, toutes ces possibilités vous amèneront à réfléchir à des sujets qui vont de la comptabilité au marketing, en passant par les questions juridiques ou des préoccupations de logistique. Aussi, il ne faut pas oublier qu’un tel projet demande le respect d’un cadre légal et l’accomplissement de bon nombre de formalités.
Une autre particularité liée au statut de créateur d’entreprise est la solitude. Solitude concrète parce que le projet de création d’entreprise se réalise en général en solo, que les décisions sont prises seul et que le projet d’entreprise n’est pas toujours totalement compris et soutenu par l’entourage de l’entrepreneur.
Le créateur d’entreprise est également confronté à l’incertitude quant à la réussite de son projet, car lancer un business c’est aussi oser sortir de sa zone de confort, sans savoir à l’avance si l’activité va fonctionner ou non. Aussi, dépendant du soutien d’une banque qui peut limiter ses capacités de découvert, d’une commande qui peut être annulée, d’un retard de paiement…, l’entrepreneur vit une période d’insécurité qui peut durer plus longtemps que ce qu’il a prévu initialement. Cette phase implique de se poser les questions de la motivation personnelle et de bien réfléchir aux objectifs du projet tout en ayant conscience des difficultés qu’il peut rencontrer, des obstacles sur son chemin, mais aussi de ce qui l’attend en cas de réussite.
Quelles sont alors les étapes importantes de la création d’une activité en tant qu’entrepreneur ?
Projet de création d’entreprise : tester l’idée, le concept, réaliser une étude de marché
Quel que soit votre profil ou votre business, le lancement d’une nouvelle activité demande de la créativité. Une invention géniale n’est pas indispensable pour démarrer une activité. Partir de quelque chose d’existant et l’améliorer ou proposer des services complémentaires suffit dans la majorité des cas. Vous pouvez soumettre votre projet à vos proches ou des personnes de confiance qui vous donneront alors une idée de la pertinence de votre service/produit. Cela vous permettra peut-être aussi d’identifier des faiblesses ou des points à modifier pour monter votre business.
Evidemment, ce n’est pas suffisant pour vous lancer ! Il existe certaines tâches à accomplir pour s’assurer de la faisabilité de votre projet, d’un point de vue créatif, légal, juridique.
Prenez le temps de vérifier que les noms de votre société et ainsi que ceux des services ou produits que vous allez proposer n’existent pas déjà. Les bases de données de l’INPI permettent d’effectuer cette vérification. Faites la même vérification pour le nom de domaine de votre site internet dans les bases de l’AFNIC. Vous pouvez enregistrer ce nom de domaine au registre du commerce et des sociétés (RCS), ce qui vous protège encore mieux contre les usurpations de nom de domaine et rassure vos clients et partenaires (fournisseurs, banques, etc.).
Une étude de marché permettra de comprendre et connaître le marché que vous visez en créant votre business. Vous pourrez notamment identifier les cibles commerciales, leurs caractéristiques, le potentiel détaillé par zone géographique… mais également connaître la concurrence, les offres équivalentes à la vôtre, le fonctionnement du marché. Cette étude de marché, est nécessaire pour mettre de l’ordre dans vos idées, de gagner en expertise sur l’activité à lancer, mais aussi de faciliter votre prise de décision grâce à des données factuelles.
Le modèle économique et les perspectives financières de votre projet d’entreprise
Après avoir testé votre idée auprès de vos proches et avoir réalisé une étude de marché, vous êtes en mesure d’établir un plan de développement et des projections financières pour votre société. Cette démarche est indispensable pour vous confronter à la réalité ce qui est encore une idée, un concept dans votre esprit. Pour consulter et obtenir des statistiques sur le secteur d’activité qui vous intéresse, vous pourrez consulter l’INSEE ou les données mises à disposition par les greffes sur leur site « open data » Data Infogreffe.
La définition du modèle économique de votre société va déterminer en grande partie les perspectives financières. Cela permet de se rendre compte des besoins et des ressources de l’entreprise car il s’agit de la visualisation chiffrée de votre projet de création de société. Si cette étape est bien réalisée, elle assure d’autant plus votre entreprise de sa réussite car vous aurez toutes les données importantes en votre possession et des objectifs à vous fixer basés sur des éléments neutres. En revanche, elle peut retarder le début de l’activité si vous constatez qu’il faut parfaire votre idée de business, repenser certains détails.
La rédaction du business plan (terme préféré à sa version francophone : plan d’affaires) est stratégique. Dans sa version interne à l’entreprise, le business plan synthétise le projet d’investissements, les objectifs de rentabilité de la société. Pour l’externe, le business plan est le document présenté aux partenaires financiers (banques, associé / actionnaires). Ce document se base sur l’étude de marché que vous aurez réalisée. Il présente votre stratégie commerciale, les moyens (techniques ou humains), et les perspectives d’évolution de l’entreprise. La partie financière est également assez détaillée. Elle comprend un compte de résultat prévisionnel (en général sur les 3 premières années d’activité), un plan de financement de démarrage, les besoins en fonds de roulement et les calculs de rentabilité. En résumé, le business plan est un document d’une importance capitale. Pour vous d’abord, puisqu’il donne du sens concret à votre projet, il permet de dessiner les contours de votre business et le rendre pertinent. Pour la banque, vos clients, vos partenaires, il s’agit d’un moyen efficace et concret également de les rassurer et de leur prouver votre maîtrise du sujet ! Vous arrivez avec une réflexion poussée menée autour de votre société. Vous lui donnez de la crédibilité.
Compétences professionnelles, activité réglementée : que dit la loi ?
Avant 2023, si votre activité figurait dans la liste des professions réglementées, il vous fallait produire certains documents ou prouver votre capacité à l’exercer : diplômes, expérience, carte professionnelle… Les organismes ou institutions qui pouvaient vous renseigner variaient en fonction de votre activité :
- les syndicats professionnels,
- la Chambre de commerce et d’industrie (CCI),
- la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA),
- les différentes directions départementales compétentes,
- la préfecture via son service d’action économique.
Désormais, depuis le 1er janvier 2023, le guichet unique des entreprises est devenu la seule plateforme pour toutes les formalités d’entreprises. Le guichet permet de ne plus chercher quel organisme correspond à l’activité de votre entreprise puisque c’est le guichet unique qui vous fournira automatiquement les documents nécessaires en fonction de votre activité.
Le financement du projet de création d’entreprise
L’étape suivante est celle du financement. Le mode le plus classique est le financement bancaire, mais d’autres possibilités existent. Etant donné le caractère individuel et parfois familial de beaucoup de créations d’entreprise, les fonds personnels et l’entourage familial ou amical constituent souvent la première « levée de fonds ». Le financement participatif (crowdfunding), les prêts d’honneur, les prêts solidaires sont de nouvelles solutions pour cette étape stratégique qu’est le montage financier. Ces alternatives sont en plein développement et de plus en plus encadrées d’un point de vue juridique. Dans la majorité des cas, vous aurez fait appel à ces différentes sources de financement pour débuter votre activité. A noter toutefois que le prêt inter-entreprise autorisé par la loi Macron ne concerne pas les créations d’entreprises.
Certaines aides publiques sont également accessibles comme complément au plan de financement. Il faut identifier les dispositifs qui correspondent bien à votre business et votre situation personnelle. En fonction de votre activité, de l’implantation de votre siège social, les collectivités locales et l’Etat proposent différents types d’aide. Cependant, il faut rester réaliste, le financement public de type subvention est de plus en plus rare. Les aides de l’Etat et des collectivités sont le plus souvent des allègements fiscaux, des exonérations de charges sociales, des aides financières (prêt à taux zéro…).
Implanter, domicilier son entreprise
Pour exercer son activité, une entreprise doit définir une domiciliation. Par domiciliation, on entend alors le choix de l’adresse administrative, fiscale et juridique de l’entreprise aussi appelée : siège social. Que ce soit pour une micro-entreprise ou une société, le guichet unique exigera les justificatifs de domiciliation. Le choix du siège social semble souvent évident au démarrage, par souci financier. Les entrepreneurs lancent leur business depuis leur domicile personnel. En revanche, il faut noter que le siège social est une information publique : dès lors, tout le monde peut y avoir accès ce qui pose le souci du respect de votre vie privée car l’adresse du siège social d’une entreprise doit légalement être communiquée sur de nombreux supports (facture, devis, etc). Mais d’autres solutions existent.
Il existe plusieurs solutions pour s’implanter :
- le domicile personnel,
- les sociétés de domiciliation,
- les pépinières / incubateurs d’entreprise,
- le bail commercial,
- l’achat ou la location-gérance d’un fonds de commerce.
Il est impératif de vérifier que l’activité que vous allez exercer est possible là où vous décidez de l’implanter. Le règlement de copropriété ou le bail de location (commercial ou non) vous fournira la réponse. Il faut aussi prendre en compte le voisinage pour ne pas avoir de mauvaises surprises une fois l’installation de l’entreprise réalisée.
EURL, SARL, SASU, SAS : quel statut choisir pour créer son entreprise ?
Parmi l’ensemble des étapes à suivre pour lancer un business, celle du choix de la forme juridique est importante. Choisir la forme juridique de l’entreprise, c’est choisir parmi l’EURL, la SARL, la SAS, par exemple. La taille de votre projet et son développement, ses besoins financiers, les projections financières que vous aurez réalisées, l’engagement d’associés ou non, la protection de votre patrimoine personnel vous aideront à choisir un type de société. La forme juridique choisie détermine également le fonctionnement de votre entreprise : quel type de direction, quel mode de gestion, les obligations légales, etc. Il faut donc prendre le temps de bien étudier les différentes formes juridiques disponibles (avantages et inconvénients) afin d’évaluer leurs conséquences (si l’entreprise connaît des difficultés mais également si elle se développe !). N’hésitez pas à vous rapprocher d’un expert-comptable, d’un avocat ou d’un conseiller en « création d’entreprise » pour faire ce choix crucial.
L’inscription au Registre National des Entreprises (RNE), dernière étape pour démarrer l’activité
Il vous faudra enfin procéder à la publication d’une annonce légale de création (appelée constitution dans le jargon) dans un journal habilité (appelée JAL pour Journal d’Annonces Légales) du département de votre siège social ou, depuis le 1er janvier 2020, en ligne sur un support habilité (SHAL). Annonces-legales.fr vous permet de consulter la liste des journaux d’annonces légales disponibles en France et dans les départements et collectivités d’outre-mer. Pour le dossier d’immatriculation, vous devrez fournir l’attestation de parution de l’annonce légale ou la page du journal d’annonces légales sur laquelle figure votre annonce. La démarche d’immatriculation se fait sur la plateforme du guichet unique des entreprises, sur laquelle vous enverrez votre dossier complet.